J’ai grandi en Bretagne, sur les côtes du Finistère… Mes souvenirs d’enfance sont empreints des histoires de Lankou que me racontait mon grand-père autour d’un feu de broussaille et des récits passionnés que me faisait ma mère, professeur d’histoire, lorsque je découvrais avec stupeur les bas-reliefs des enclos paroissiaux. Les longues rêveries devant le village miniature réalisé par les compagnons de la communauté d’Emmaüs de Brest, dont mon père était responsable, ont aussi marqué mes jeunes années, cette crèche confectionnée avec une multitude de petites figurines et de superhéros désordonnés me fascinait…
J’étais transportée par les histoires qui s’offraient à moi et stimulaient mon imaginaire… Lorsque la vie s’est montrée moins douce, que les coups durs sont devenus des bleus à l’âme, j’ai ressenti un besoin vital de m’évader. Me réfugier dans mon monde intérieur ne me suffisait plus. J’ai alors voyagé, j’ai fréquenté les milieux alternatifs de la musique rock et flirté avec l’Underground, je me suis investi dans des associations caritatives et mener des actions humanitaires.
J’avais besoin de découvrir l’Autre, d’aller à sa rencontre, de goûter à la richesse de la marge. C’est ainsi, qu’entre un besoin de panser mes propres blessures et un désir d’accompagner des personnes en situation de précarité, que ma quête de l’être humain s’est traduite par une expérience de quinze années dans le secteur social en tant qu’éducatrice spécialisée.
Le temps passant, mes utopies ont été chahutées et ma vision du monde ébranlée… il m’a fallu trouver un moyen d’exprimer ma sensibilité, d’évacuer ma colère et de revendiquer mes espoirs… Bricoleuse « touche à tout » depuis toujours, après m’être essayer à l’artisanat d’art quelques années, c’est à l’âge de 45 ans que je me suis autorisée à exprimer mes émotions par la création artistique, totalement et avec la plus grande sincérité.
Aujourd’hui, mettre en forme la matière me permet d’exprimer mes pensées les plus intimes comme un cri poussé qui me libèrerait d’une sensibilité exacerbée. Cette forme d’expression est devenue une évidence, un équilibre et mes œuvres sont le reflet de mon histoire, de ce que je suis…
Ma démarche artistique va bien au-delà de l’utilisation de matériaux de récupération et d’une interpellation sur l’hyperconsommation. L’utilisation de matériaux destinés aux rebuts fait directement écho à mon histoire.
J’aime l’idée de faire du beau, de créer une œuvre délicate et précieuse à partir d’objets et matériaux rejetés, mais avant tout, le propos que je développe relève de l’intime. Mon travail n’est pas conceptualisé ou à proprement parlé, anticipé, il vient de l’intérieur, de ce que je vis, de ce que je ressens dans ma plus profonde intimité.
Pour moi l’acte créatif est le moyen d’expulser mes peurs, mes larmes et mes soupirs, de traduire ma lecture du monde et des Hommes et de les réinterpréter à travers une poésie sombre. En somme, à partir de mon propre ressenti, j’explore l’être humain dans tous ses états, avec ses idées, ses valeurs et ses dérives…
C’est, marquée par ma culture bretonne et mes influences gothiques que je m’exprime naturellement à travers un univers baroque où les détails ouvrent les portes d’un monde onirique et surréaliste. Mes œuvres touchent, bouleversent, émeuvent, effraient, peu importe, l’essentiel est qu’elles ne laissent pas indifférent.
Elles interpellent, elles racontent une histoire, la mienne mais aussi celle de celui qui voudra bien s’y laisser porter…