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Marie-claire THOMAS

Marie-claire THOMAS


Septembre 2022
Peintre


Née de parents immigrés italiens, j’éprouve le besoin de retrouver le chemin parcouru par ces
hommes et ces femmes qui ont quitté́leur village pour un ailleurs prometteur.
Apparaissent dans ma peinture les fils à linge, marque de cette culture italienne ; ils sont le lien,
l’unique attache affective entre ces familles déchirées. Entre draps blancs, fils, rochers et
montagnes, mes tableaux racontent la longue traversée à pied de tous ces hommes, avec,
comme unique bagage, l’espoir … Inlassablement, je trace ces fils avec l’obsession de rassembler
ces corps anonymes pour faire parler l’âme de ces familles. Je cherche, j’interroge la matière, je
joue avec les couleurs pour faire émerger ces figures du fond de moi-même.
Mais il s’agit également de montrer combien ces fils peuvent parfois devenir de réelles
entraves…L’entrave d’un envol ?
Ils ont fait le voyage, mettant de côté́leur langue maternelle pour très vite en apprendre une
autre et pour mieux se confondre. Ainsi, la poésie des mots qui a bercé leur enfance n’a pas
chanté́à nos oreilles, nous, les enfants nés ici…
De tout cet héritage naît ma force et mon plaisir de peindre…

LA DIFFICULTE ET LA CERTITUDE…Quitter, exister, construire

« Le parcours que Marie-Claire Thomas peint dans ses œuvres est une métaphore de ce qui nous concerne
tous. À travers l’image du linge qui sèche, elle exprime à sa manière quelque chose qu’on a vécu loin dans
son enfance, qui est à la fois inaccessible et proche, qui nous a fortement constitué et qu’il faut faire
réapparaître. Plus que la question de la migration, c’est le paradis perdu et retrouvé qui est en jeu.
C’est fondamentalement la difficulté de se constituer en tant qu’être humain, à la fois profondément seul
et profondément relié.
Les tableaux de Marie-Claire Thomas s’intitulent « ATTACHES », ils mettent en scène, dans un univers
subtilement coloré, des corps plus signalés qu’exprimés, qui sont en prise avec des réseaux de fils : attaches
ou entraves ? En quoi ce qui nous fait naitre est une force ou une limitation ? Les deux à la fois ? Comme
une chrysalide, il faut à la fois se nourrir du cocon et s’en libérer. Les entrelacs de fils sont une prison et une
force, un projet qui demande à être. C’est à une profonde réflexion sur la transformation et l’ancrage que
nous convie Marie-Claire Thomas. Nous sommes tous des migrants, ne serait-ce que dans le temps. Nous
nous transformons de jour en jour et notre monde aussi …
Nous nous appuyons sur des certitudes en cheminant dans un univers plus ou moins distinct. Comme dans
les tableaux de Marie-Claire Thomas, nous sommes des corps qui demandent à être plus visibles, plus
assurés, plus incarnés »

Jean FLEURY

https://www.facebook.com/mclairetho