En temps de guerre, on économise les ressources, on reconditionne les rebuts, on réinvente des énergies pauvres, on revient à la frugalité, on thésaurise les objets qui peuvent encore servir, on pratique le système D, on préfère l’utile, le vital, l’essentiel. Ainsi les décharges publiques se transforment en centres de récupération.
Yseult ramasse les emballages, les boîtes, les couvercles, les carcasses de meubles, les comptabilités caduques, les cartons, les messages aux écritures délavées, les dossiers de bureaucrates, les images d’écoliers, les cahiers, les livres, les brochures, les carnets de commande, les publicités défraîchies. Tous les matériaux promis à la décomposition sont propices à sa création…
Orgueil de ressusciter le jetable, de lui conférer une nouvelle affectation. Orgueil de lui prouver que l’homme tue son génie en le gaspillant, Yseult dessine, peint, exprime son jeune talent sur les choses du passé… Elle écoute volontiers avec ses yeux, elle parle beaucoup avec ses mains : elle travaille » Alain Arnéodo