Je ne crée jamais à partir d’un projet ou d’un discours afin de fabriquer quelque chose qui s’en réfère. D’après moi, tout travail de fabrication partant d’une intention de l’intellect ne fait pas partie du domaine artistique, mais de celui du domaine de la logique, du calcul ou encore comme le disait très justement Hannah Arendt : d’«Un résultat automatique de l’intelligence ». Personnellement je me revendique de ce que l’on peut appeler la création de l’esprit, et j’ajouterai également qu’un artiste/créateur ne fabrique pas une idée ou un concept, mais que celui-ci œuvre/crée ce qui va susciter des idées ou des concepts, mais surtout des émotions.
L’art est pour moi ce que nommait si joliment René Huyghe : « une expression, celle de la vérité intérieure subjective de l’artiste ». Mon mécanisme d’exécution est proche de celui des enfants, voire des fous. J’affectionne ce que l’on pourrait désigner comme une forme de « dessin automatique » (André Masson). J’insiste sur le fait que je me garde de toute intention, du moins celle qui comprend une volonté d’introduire dans le contenu de mes dessins ou peintures, des messages ou autres revendications existentielles ou réelles.
Pour conclure, j’essaye, dans l’exercice du dessin ou de la peinture, d’exprimer uniquement mon ressenti et mes émotions dans l’époque dans laquelle je me trouve. À travers ma création je n’émets aucune opinion, aucun jugement, mon époque ne m’intéresse pas, et je ne cherche pas à lui plaire … à vous plaire. Le peintre Daumier en son temps lança à Ingres qu’ « il fallait épouser son époque », ce à quoi ce dernier répondit : « Et si l’époque avait tort ? ».
Enfin, si vous désirez une explication de l’une de mes œuvres, je peux vous répondre Ici : Une œuvre se doit d’être in-finie (dans le sens pas finie). Il n’y a donc pas à l’expliquer, sinon elle meurt. »