Les termes d’ »honnêteté« , de « sincérité » pouraient résumer la démarche artistique de Benoît RAFRAY. Afin de mieux comprendre la finalité de son art, faisons plus ample connaissance avec l’artiste…
….En 1995, il quitte la Belgique et installe son atelier dans le petit village de Valencendre situé à quelques kilomètres du Touquet.
Au cours de ces expériences, Benoît précise son style en s’essayant à diverses techniques et cristallise son oeuvre autour d’un thème central, le CORPS.
Essayer « d’oublier le point de départ de la toile »
Où son intérêt pour la représentation du corps humain prend-il sa source ?
C’est à l’Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles que Benoît RAFRAY se confronte à ce thème. Pendant 4 ans, il étudie le corps humain lors de cours de dessin d’après modèles.
Véritable fil conducteur de sa carrière, même si, vous pouvez le constater sur son site, il s’est essayé au paysage et à la nature morte, la figure humaine est au coeur de ses préoccupations esthétiques.
Comment l’artiste appréhende t-il cette thématique ?
Souvent pour pallier à l’absence de modèles, Benoît travaille d’après ses souvenirs et à partir de photographies. La photo lui donne une idée générale de la pose. Toutefois ce support n’apparaît pas à ses yeux comme un carcan. Il s’en détache afin d’éviter l’écueil de la reproduction.
Il se l’approprie pour mieux laisser s’exprimer la subjectivité de son style.
S’atteler à une toile s’apparente pour lui à un long processus rythmé par de perpétuelles remises en question. L’oeuvre s’organise en une succession de points de départ, de rebondissements. Cela peut être une tache, un trait.
Dans un incessant va-et-vient, il superpose les couches, efface, retourne la toile. Au gré du hasard, la toile prend vie. L’artiste ne poursuit pas un but préétabli, n’achemine pas l’idée originelle à son terme. Il exploite sans cesse le hasard tout en gardant le contrôle de ce qui l’anime.
« Des êtres réduits au corporels »
A quoi ressemblent ces êtres qui hantent les tableaux de Benoît RAFRAY ?
L’artiste crée des figures qui parfois troublent notre perception habituelle. Dans son univers, « l’être est réduit au corporel ». L’artiste distingue les têtes et les corps. Ce ne sont pas des portraits, ce sont des corps pourvus de tête mais sans visage. Leurs traits s’évanouissent, empêchant toute identification du modèle.
Qu’ils soient amis ou professionnels, Benoît RAFRAY laisse libres ses modèles afin de percevoir l’essance naturelle des corps.
Tantôt statiques – debout, assis ou allongés, saisis dans un moment précis – tantôt en mouvement – pris par le feu de la danse -, ses personnages sont généralement peints isolément.
La forte présence des figures est accentuée par le choix d’un cadrage serré. Les corps envahissent la toile, en occupent toute la surface, laissant peu de place au décor souvent dépouillé.
« … Une atmosphère où se devinent transparence, superposition et effacement… »
Evolution dans la représentation du corps et recherches techniques se confondent. Sur ce site se confronte différentes techniques, différents supports : peinture à l’huile, acrylique, fusain, pastel, toile, papier, …
Dessins et peintures se complètent, s’enrichissent mutuellement. Les dessins hésitent entre le statut d’études préparatoires et celui d’oeuvres à part entière. Les toiles font l’objet d’un traitement particulier.
Benoît RAFRAY marque une préférence pour les grands formats qui permettent une plus grande liberté de geste. Condition indispensable pour aboutir à l’effet voulu, le peintre fabrique lui-même ses toiles à partir de rouleaux de lin brut puis les prépare à base de colle de peau. Augmentant le pouvoir d’absorption du support, il peut réinvestir la toile sans risquer de déjouer les effets de superpositions.
La toile, pensée comme un vaste champ d’expérimentation, comme une superposition de structures a pour finalité de donner une certaine tension au corps. « Transparence, superposition et effacement » – l’artiste détourne la fonction de la gomme en l’utilisant comme un fusain – participent à ce goût pour l’inachevé. Dans sa série intitulée « homme au fauteuil », Benoît RAFRAY va même jusqu’à laisser la toile en réserve, c’est-à-dire apparente.
Sinon, la toile demeure le lieu d’expression de la couleur. L’oeuvre se caractérise par une palette chromatique réduite. L’artiste opte pour un jeu de camaïeux déclinant les dominantes d’ocre, de bleu, de beige, de noir et de rouge.
Une vision d’ensemble de son site permet de se rendre compte de l’unité chromatique qui règne et qui détermine chaque étape de sa création, de son « corps à corps » avec la peinture.